Séance de restitution de la formation sur la Guérison des mémoires dispensée par l’Institut pour la Guérison des mémoires (Healing of mémories Luxembourg)
En
date du 01 Août 2022, dix-huit acteurs et actrices de la société civile de la province du
Nord-Kivu en RDC, tous intervenants dans le domaine de la consolidation de la
paix et la transformation des conflits, ont été convié à prendre part à une
séance de travail de restitution tenue par JAMAA Grands Lacs en collaboration
avec le Groupe Martin Luther King sur le thème « Guérison des mémoires, comme pilier de la construction d’une paix
sociale authentique et durable ».
Le
facilitateur Mr Christophe MUTAKA, coordonnateur du Groupe Martin Luther King, a
rappelé le cadre contextuel dans lequel s’était passé la formation au Benin
durant 5 jours sous l’initiative de l’Institut pour la guérison des mémoires (Healingof mémories Luxembourg), crée au Cap en 1998 sous la houlette du père Michael Lapsley. Cet Institut ayant pour vocation de venir en aide aux victimes de diverses formes de violence et d’oppression dans le
monde. Dans son exposé, il a rappelé le point de départ du combat du père
Lapsley qui a perdu ses mains et un œil dans un attentat au colis piégé au
Zimbabwe le 28 avril 1998, juste trois mois après la libération de Nelson
Mandela, au motif d’être un élément gênant contre la ségrégation blanche en
Afrique du Sud. En tant qu’aumônier blanc de l’ANC en exil, il a été une source
de la rancœur du régime d’apartheid.
Mais
contre toute attente, son handicap a été une véritable source de force, une
motivation indomptable à devenir guérisseur des cœurs et des âmes blessés en
quête permanent de soulagement et de paix. Aux heures les plus sombres, dit-il,
les forces du bien se sont révélées plus puissantes que les forces du mal :
l’apartheid s’est effondré et la justice a triomphé. De la même façon, les gens
puisent du courage dans ma propre histoire. La bombe qui n’a pas réussi à me
tuer m’a laissé la langue, qui était ma seule arme contre l’apartheid. Mon
handicap visible crée une certaine complicité avec d’autres, dont le handicap
est souvent moins visible que le mien aussi tout aussi réel. La vérité, c’est
que la douleur réunit les êtres humains. Dans le cadre de mon travail de « guérisseur »,
beaucoup disent qu’ils peuvent avoir confiance en moi car je sais ce qu’est la
douleur. Quoi qu’il en soit, en définitive, ce qui importe le plus, c’est de
savoir si nous sommes capables de transformer la douleur en force de vie, stipule
dans ses mémoires.
Le
facilitateur a eu un long moment de questionnement sur les blessures tant
individuelles que collectives suivant le contexte de la République Démocratique
du Congo, après des décennies des guerres violentes et sanglantes, des massacres
de masse silencieusement entretenus au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri, au Kasaï,
au Maniema, etc. et l’impact de tout cela sur la conscience et l’inconscient
collectif. Au final, à force de descendre
dans les profondeurs de notre être, nous ne cessons de réaliser que presque
tous nous sommes malade, insistait-il. Il s’agissait pour lui de mettre en
lumière les issus de ces évènements horribles qu’a connu la RD Congo et plus particulièrement
l’Est du pays, toutes ces frustrations enfouies, ces réflexes de violences naissant
de la mal-digestion du passé, cette intuition bouillante de vengeance à l’intérieur
des individus et des communautés.
Face
à cet état de choses, la nécessité d’ouvrir un couloir de travail sur les
mémoires à l’Est de la RD Congo s’impose, tant pour guérir les hommes et les
sociétés de leur passé, que pour se rassurer de mobiliser les forces de résilience
partout où elles se trouvent pour construire un autre futur en phase avec le
sens d’humanité vrai. Après un débat parfois méditatif, parfois électrique, le
facilitateur a conclu son intervention par un vœu d’ouverture d’un champ large
de fertilisation et de dissémination de l’approche de guérison des mémoires
étant donné le besoin qu’offre la zone Est de la République Démocratique du
Congo.
Le
coordonnateur de JAMAA Grands Lacs prenant la parole a remercié le facilitateur
et les participants, tout en affirmant que cela n’est que l’introduction d’un
vaste travail de guérison des mémoires que l’organisation veut amorcer dans la
zone orientale de la République Démocratique du Congo.
Beaucoup
de participants ont été satisfaits de l’activité, tout en réclamant plus de
temps. Pour Merveille Assani, une jeune intervenante au sein du programme de l’Université
citoyenne en RDC : « l’activité
a été une belle occasion de rencontre, de dépassement de soi après l’audition
des témoignages et des expériences des autres sur leur passé »
Pour
la jeune psychologue de l’organisation Handicap Internationale, Nadine Rugishi,
« cette activité a été très
enrichissante, elle m’a offerte d’autres pistes à explorer dans mon travail que
je fais avec tous ces gens en besoin d’assistance et d’accompagnement
psychologique suite aux traumatismes subis après des tensions ».
info@jamaa-grands-lacs.org
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